Narration

Inversion de point de vue

Faire glisser la narration dans la bouche du personnage de second plan pour une scène donnée… Exemple de scènes avec inversion : rencontre avec la prostituée (I),

Avantage : ça pourrait apporter du relief, sortir de cette interminable introspection, ne fait pas retomber dans le même schéma que DBCDF tout en montrant encore plus les traits de caractères, doutes et autres questionnement que la scène veut montrer.
Problème
 : casse la mise en parallèle des deux narrateurs, le huis clos à deux.

Utiliser les notes de bas de page pour dialoguer avec le lecteur

Lorsque Jean narre, faire que Ludivine (sa fille, l’auteure du livre) commente les passages ou explique pourquoi elle a écrit cela (ce qu’elle fait un peu dans la postface) ; lorsque c’est Pierre, donner la parole à David (le fils), Christine (la femme décédée), Ambre (la fille tuée par Jean), voire par Solange.

Problème : utiliser les notes de bas de page et impliquer directement le lecteur ressemble beaucoup à DBCDF et ça casse aussi le huis clos…

Chapitre 7 : Relation épistolaire

Le chapitre 7 est une catastrophe. Très pénible à relire. Les deux personnages s’écrivent des choses que jamais on n’écrit et ce n’est pas « de l’ordre du miracle » mais de la lourdeur. Je vais donc le retravailler, non pas en publiant ainsi telles quelles les lettres, mais en montrant, avant chaque missive, les deux individus en train de les écrire, pesant leur mot, choisissant les formules et confrontant ce qu’elles signifient à la réalité crue. Ce serait alors l’occasion pour Pierre de revivre des moments de son passé, c’est-à-dire de se les coller sous le nez avant de décider de pardonner. Toute la question est donc dans le moment de cette décision. S’il le décide, si cela ressort d’un raisonnement, que vaut ce pardon ? N’est-il qu’œuvre théâtrale en même temps que lâcheté ? S’il vient des tripes, comme une évidence, ne serait-il pas plus pur ou moins ‘impur’ ? Or Pierre n’est plus ni Juif ni même Chrétien ; il n’a plus de recours transcendant, il est seul avec les hommes et lui-même.

On pourrait donc suivre l’élaboration de la lettre puis la lettre finale, comme le résultat d’un combat, d’un procès, d’une lutte, de nombreux compromis. (Comme Francis Ponge le fait dans La rage de l’expression… – je n’aurais jamais su que je relirai ça ! Comme quoi…)

A l’instar du prisonnier qui a sa longue nuit de cauchemars dans le chapitre 1, Pierre aurait alors le retour du refoulé pendant cette session d’écriture-exorcisme-catharsis. Solange ne lui serait plus d’aucun appui – il devrait s’isoler et comme affronter femme et fille pendant qu’il écrit. Plutôt que de les faire parler et d’introduire encore du fantastique, il les ferait parler, lui. Il converserait tout seul et anticiperait leurs réponses. Juste après le « monologue à deux voix », une sorte de dialogue à une seule voix.

Ce chapitre ferait ainsi un pendant plus visible à l’« angle d’une droiture coupante » : les corps se cognent, se déchirent, se battent, dans l’immédiateté et les mots réparent, peu à peu, presque au-delà du monde physique.

Le meurtrier/Jean serait quant à lui, pris par les remords, presqu’un doute de vouloir recevoir ce pardon. Est-ce que finalement ce ne serait pas plus simple de se conforter dans le rôle du Mal, de ne plus être saisi par le vertige de la crête et de choisir son versant fusse le mauvais ? J’imaginais aujourd’hui que peut-être il pourrait faire des révélations qu’il n’avait pas faites au prêtre dans le chapitre 1. En prison il aurait participé à des actions condamnables. Peut-être a-t-il violé un détenu ? Je ne voulais pas mettre d’homosexualité dans le texte (tellement bateau aujourd’hui), mais le faire participer à quelque chose de choquant, en groupe. Au fond après avoir basculé seul, l’effet de meute (la peur d’être du mauvais côté de la violence ?) l’aurait entrainé à aller encore au-delà. On s’inscrit à la SS et on termine à tuer des juifs en marge de la guerre ; on rentre dans l’armée américaine/française/chilienne et on se retrouve un jour à torturer des musulmans/algériens/socialistes. Lui qui avait été écœuré par ce qu’il avait vu en Algérie, il serait pris d’un doute : et si l’homme n’était pas un monstre, au final, et qu’il fallait l’accepter ? Il irait se faire mercenaire dans un pays en guerre, trouverait une de ces femmes attirées par la violence, celles que les tueurs en série rendent folles, irait au devant de la mort, lui offrant sa vie, comme le pauvre petit Ernesto qui voulait être médecin et, n’ayant réussi qu’à devenir le laquais-bourreau d’un tyran de plus, s’en va se suicider avec les honneurs en Bolivie. Et puis il choisit la vie, au final, et se trouve une autre lutte qui le grandirait, loin de France et du regard de la sœur, cette sale pure…

Puis le récit du meurtre (chapitre 8) avec son nénuphar-explosion et le happy end qui doit ravir la moitié des lecteurs et laisser sceptique l’autre.