Sexualité

La sexualité et les rapports amoureux dans les groupes révolutionnaires

[A écrire]

Homosexualité dans les milieux socialistes et communistes

On pourra s’étonner de trouver des propos durs à l’encontre de l’homosexualité dans la bouche d’un homme de gauche, au chapitre 4. Il faut bien pourtant se rappeler qu’avant le tournant des années 80, même la “gauche”, qui se fait fort aujourd’hui, en Europe, de les défendre et d’étendre leurs droits, n’a pas été très tendre avec cette minorité. Notamment à Cuba :

J’ignorais [Roberto Ampuero] alors que les homosexuels cubains feignaient une certaine virilité pour éviter des représailles, bien que certains d’entre eux, occupant de hauts postes gouvernementaux, (…) montraient ostensiblement leur orientation sexuelle sans souffrir aucun désavantage.

— Eux, Celia Sánchez Manduley, la secrétaire de Fidel – m’expliquèrent [mes amis] -, les protège, mais le jour où le frère prendra le pouvoir il les persécutera sans pitié, puisqu’il hait ces oiseaux-là.

La persécution des homosexuels avait connu un climax à la fin des années 60, sous la houlette du général Raúl Castro, qui, avec sa sempiternelle voix rauque, avait ordonné que la société révolutionnaire soit nettoyée de ses pédés, même dans le prestigieux Ballet National, mesure qui avait déchaîné une vaste campagne internationale de protestation de la part de gouvernements et d’organisations humanitaires (surtout après que des avions espions avaient révélé que des milliers d’homosexuels étaient reclus dans des camps spéciaux, appelés Unités Militaires d’Appui à la Production – UMAP), démantelant complètement le corps de ballet de l’île ainsi que de larges secteurs de la culture cubaine.

Raúl Castro rêvait de « rééduquer » les homosexuels et des les convertir en révolutionnaires « qui ont avec des couilles ». Il pensait qu’il y arriverait par la réclusion et par une discipline militaire de fer dans les UMAP, où ils les faisaient travailler comme des esclaves (culíes) et leur appliquait de sévères peines chaque fois qu’ils les surprenaient en train de pratiquer la sodomie. Pour lui, l’homosexualité était une question de volonté, de mauvaises habitudes, susceptibles d’être modifiée par des moyens pédagogiques. (…) Cuba devait devenir rapidement le premier territoire d’Amérique sans analphabètes et sans pédés.

Des années plus tard il m’est arrivé de connaître d’anciens prisonniers des UMAP. D’une certaine façon, ils ressemblaient aux Allemands de l’Est qui, d’avoir été nazis, avaient vécu après la Deuxième Guerre Mondiale, dans des camps de prisonniers soviétiques : jamais ils ne parlaient de cette expérience à cause d’une espèce de honte [qu’ils en ressentaient]. Un de ceux-ci, Sergio, […] ne parlait jamais de  son expérience, puisqu’au moment de recouvrer la liberté il avait été obligé à signer un document où il s’engageait à garder le silence sur les UMAP.

— Nous dormions des centaines dans des baraques entourées de piquants, gardées par des sadiques qui nous faisaient travailler jusqu’à douze heures par jour dans le champ − nous raconta-t-il en pleurant (…). Ils nous donnaient des rations à peine suffisantes pour survivre (de hambre) et nous vivions avec les criminels et les déficients mentaux. Les viols (violaciones) étaient notre pain quotidien. Beaucoup n’étaient même pas homosexuels, mais juste efféminés.

— Et pourquoi ils t’ont pris ? – lui demandai-je. […]

— Parce que, dès l’enfance, le ballet me plaisait et jamais je n’ai pu être comme les autres garçons – me répondit-il avec des gestes de mains féminins, presque des battements d’ailes.  Quelqu’un au CDR me dénonça et un soir il m’ont emmené dans un camion. Personne ne dit rien. Ni quand je partai, ni quand je fus de retour.

Roberto Ampuero, Nuestros años verde olivo, 158-160

Il se peut, par contraste, que Jean paraisse, du coup, très sympathique…