Là, je suis dans un bus qui doit m’emmener jusqu’à Rodez. Les phrases de Michel jouent au yoyo dans ma tête, j’essaye de me rappeler sa grille d’analyse, impressionné par ses idées malgré l’erreur facétieuse de son jeu de mot en allemand – preuve que cet amoureux de jazz n’a rien perdu de l’art de faire des contrepieds même lorsqu’il défend des idées auxquelles il croit. Je tente de ne rien oublier, pour arriver sur place avec un regard affûté et l’aider à corriger ou appuyer cette étude qu’il veut mener sur le Larzac, « exemple paradigmatique possible des luttes à venir ».

A Rodez, je dois prendre encore un autre bus jusqu’à Millau. Avec, à chaque étape franchie, le sentiment de descendre dans l’infiniment perdu. Province, puis campagne, puis le bout du monde, comme autant de sas de décompression… Sans doute ce qu’il me faut. S’il y a « tout le monde » dans le Larzac actuellement, ce sentiment est alors illusoire. Se peut-il néanmoins que la prison n’y soit pas ?