Le vent ne doit pas nous détourner de notre cap. Et qui de mieux que les gens de mon âge pour encadrer cette nouvelle garde sauvage qui ne sait trop où elle met les pieds, qui n’a pas dans sa petite besace d’expérience par encore beaucoup de perspectives ni de hauteur ? Nous pouvons les aider car s’il faut chercher – des solutions, des raisons de rêver, des pistes à explorer – il faut au préalable le vouloir, il faut que l’on vous ait donné envie de le faire. Et savoir où chercher, en évitant certains écueils. J’ai eu cette chance au cours de ma vie, je me sens une dette à affranchir, je me sais maillon de l’éternité humaine. Moi, je ne changerai plus le monde à mon âge, je suis une personne ordinaire et jamais je ne marquerai mon nom dans l’histoire. Nous sommes des milliards. Mais dès que j’ai eu l’occasion de faire quelque chose, les milliards d’autres, à cet instant-là, ne comptaient plus pour rien : c’était à moi d’agir ! Et si je peux déblayer le terrain, si je peux contribuer à la marche fragile qui nous mène de l’esclavage légal à l’égalité, des guerres claniques au devoir d’ingérence, même si je ne suis qu’une goutte perdue dans un océan, je suis fier et heureux de m’y trouver plongé. Et qu’importe ce que l’on dira demain, si nos arrière-petits-fils se moquent de nous pour nos erreurs : je ne serai plus là pour entendre ! J’ai senti que je devais me battre pour qu’ils n’aient pas à se plaindre de nous.