Il est difficile de présenter Augusto Pinochet car celui-ci présente des facettes très différentes.
D’une part, il faut sans doute (au moins) distinguer le Pinochet légaliste et fidèle second de Carlos Prats, du Pinochet chef de la Junte, en passant par ce moment tampon, l’heure terrible des choix, de deux semaines (24 août – 9 septembre 1973) entre les deux. C’est ce qui a été fait ici. 1
D’autre part, il faut rétablir cette distinction à l’encontre d’Augusto Pinochet lui-même, d’abord, qui a eu besoin de réécrire son histoire, afin de gommer son passé légaliste où il n’avait pas fait montre de son opposition à l’Unité Populaire, réalité qui faisait tache dans le parcours d’un dirigeant voulant se présenter comme le chef de file d’un putsch salvateur. Ensuite de la rétablir à l’encontre d’analystes manichéens ayant, de manière plus ou moins consciente, besoin de cette collusion de vues avec Pinochet, afin de noircir le portait aux lunettes noires de celui qu’ils abhorrent (et pendant qu’ils montrent du doigt taire tout le reste).
Enfin, il faut tenter de se remettre dans le contexte historique et national, sans sortir la grosse artillerie des jugements, faire preuve d’empathie en mettant en suspens ce que l’on sait du futur à la période considérée, sans accuser ni défendre, et qu’importe si de nous voir marcher sur un fil tels des funambules au-dessus des partis pris trop faciles, gênent certains.
- Pinochet légaliste (novembre 1970 – 9 septembre 1973)
- Pinochet chef tournant de la Junte militaire (11 septembre – octobre 1973)