« Tati » et Salvador Allende

Dans son palais de la Moneda encerclé par les chars, Salvador Allende, sur le point d’être arrêté, se suicide le 11 septembre 1973. À ses côtés, des membres du Grupo de Amigos del Presidente (GAP), pratiquement tous Cubains. Parmi eux Patricio et Tony de La Guardia, les amis d’Alina. Les jumeaux parviennent à s’enfuir et à se réfugier à l’ambassade de Suède. À leur retour à Cuba, le Lider Máximo, radieux et fier de ses hommes, les reçoit comme des héros. Pourquoi donc ? Leur rôle n’était-il pas de protéger la vie de Salvador Allende ? La révolution chilienne est un fiasco et pourtant Castro applaudit à tout rompre. Ce naufrage prouve en fait qu’il avait raison : la voie démocratique est « sans issue »…

La légende raconte que le président chilien se serait donné la mort avec la mitraillette AK47 que lui aurait offerte Castro au cours d’un séjour à La Havane. Voilà une bien étrange manière de se suicider. Aujourd’hui encore, l’énigme n’a pas été dissipée. Allende s’est-il vraiment donné la mort ? Les pires rumeurs circulent, selon lesquelles le président n’aurait pas été abattu par des soldats chiliens, mais par des hommes des services spéciaux cubains afin d’en faire un martyr utile à la cause révolutionnaire, un « Guevara en costume trois-pièces ». Absurde ? Quelques faits troublants viennent épaissir le mystère. Quelques mois après la mort de son père, Beatriz Allende, en exil à Cuba, s’est suicidée d’une balle dans la tête avec l’arme de son époux. Elle a été suivie de près par sa tante Laura, sœur de Salvador Allende, elle aussi en exil à La Havane, qui s’est jetée par la fenêtre d’une chambre du onzième étage, face à la mer. Quel lourd secret ces deux femmes ont-elles emporté avec elles ?

Serge Raffy, Castro l’infidèle [2003], 481