§13. Une semaine entre Noël et Nouvel An passe où il ne se passe rien. Ou juste du temps, donc. On digère, on prépare la prochaine fête, la prochaine conquête, Marcia persécute Jean par ses mesquineries, qui, lui, lit et essaye de mettre au clair ce qu’il doit penser de ce qui se passe dans le pays et dans sa vie. Juan se promène dans les rues de Paris et se dit que c’est agréable d’évoluer dans une civilisation où l’on n’est pas responsable de l’autre, où les êtres vont / viennent sans qu’on sache pourquoi et que tout ceci soit indifférent, quel calme qu’une « société ouverte », l’individualisme c’est la chance d’espérer que personne ne viendra marcher sur ses plates-bandes, qu’on peut s’y inventer des socialités électives sans être accroché à un groupe comme l’arbre à ses racines. Lui est une feuille, se dit-il, une feuille en hiver, un reste d’incandescence automnale s’accrochant à la branche et être là lorsque la neige tombera pour lui tirer la langue, et lui crier déjà, alors qu’elle est encore toute orgueilleuse de sa blancheur, que dans deux jours elle ne sera qu’une infâme boue grisâtre souillée par les chaussures des passants et les pots d’échappement. Une feuille qui cherche des fleurs, des fleurs d’hiver sans doute, des fleurs de printemps ce serait trop ordinaire ; à sa façon il croit aux miracles. Cela dit, à part ça, il n’y a pas à écrire pour écrire, alors passons directement à l’autre fête.

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