§28. Tout le quartier de la Legua est en effervescence depuis hier car Salvador Allende en personne est arrivé ce matin visiter l’entreprise de textile (Ex-)Sumar (où travaillent Claudio et beaucoup de camarades du coin – un total de 3200 ouvriers et 825 employés1) pendant deux ou trois jours. A 9h30 précisément, me détaille mon ami, en compagnie de son aide de camp naval.2 Comme lui et Pedro Machuca3, de nombreux ouvriers sortis du troisième tiers (23h30 – 7h30) ont préféré attendre à l’usine plutôt que de rentrer chez eux dormir, afin de le voir. Je comprends mieux du coup ses cernes, et le pourquoi de sa précision sur le 9h30…

Rapidement, le Président s’est rendu à une réunion avec 40 cadres, puis à la cantine de l’entreprise pour d’autres discussions. Ces informations, c’est un autre camarade attablé à côté de nous qui nous les apprend, Claudio étant allé se coucher dès 10h. Après-demain samedi c’est Carlos Altamirano qui viendra à Sumar avant d’aller visiter notre población et celle, voisine, de la Victoria. L’autre étant socialiste et lui communiste, Claudio ne fera évidemment pas l’effort d’attendre pour le voir.

J’aimerais encore discuter avec Claudio et les autres, mais il faut cependant que je les laisse dès à présent, car j’ai une bonne trotte à faire jusqu’au théâtre Caupolican, où se déroule ce soir le Festival des jeunes communistes. J’espère qu’il ne va pas trop boire et rester en forme pour attaquer sa nuit de travail.

Notes

  1. Le 18/01/1973, Las Noticias de Últimas Horas écrit 850 employés, le 20 : 800. Sans doute qu’un de ces deux nombres est juste et en en choisissant un des deux y avait-il une chance sur deux de donner le vrai. En faisant une moyenne on donnera un nombre forcément erroné. Mais c’est à l’imitation de ce que font tous les économistes et tous les sociologues.
  2. Le capitaine de navire Arturo Araya Peeters ; il n’est pas totalement inutile de retenir son nom.
  3. Cet ouvrier, au nom de famille similaire à celui du jeune poblador du film Machuca (2004) d’Andrés Wood, sera interrogé par Las Noticias de Ultimas Horas, le 20/01/1973 ; “Estoy orgulloso del presidente”, le 20/01/1973, 2 (droite).

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