§38. Le « quelque chose » qu’Arnaldo avait pour moi vient à se concrétiser. Un Argentin, militant du PCBR que j’ai déjà vu aux réunions, était avec lui lorsque je suis arrivé. Après avoir fait les présentations, Arnaldo s’est retiré pour me laisser seul avec le dernier.

Après quelques minutes de discussions et quelques questions préalables, il me propose d’entrer dans un « groupe d’action » clandestin :

— Et quel est ce groupe ?

— Che, Jean, c’est un groupe d’action formé de militants communistes et d’étrangers volontaires qui viennent de différents partis ou mouvements. On a des membres chevronnés venu des FARC ou des Tupamaros qui nous apporteront leur expérience. Nous ne sommes pas non plus sectaires, nous pourrons travailler avec le MIR ou d’autres camarades, sur des opérations ponctuelles, sans forcément partager les mêmes idées tactiques. Nous ne serons pas le POUM et pas question non plus de nous déchirer entre nous comme en Catalogne, rassure-toi.

Je m’étonne qu’il ait si bien devancé mes craintes et y réponde sans que je les aie formulées.

— Pour le reste, je te fais confiance mais pour ton bien il vaut mieux que tu en saches le moins possible. Nous sommes dans la clandestinité. Nous ne communiquons aucun organigramme pour des raisons de sûreté évidentes. Tu te souviens de la résistance en France ? Si l’un de nous tombe dans leurs griffes, il ne faut pas qu’il puisse permettre de remonter la structure. Tu ne connaîtras que tes supérieurs et tes coéquipiers, et encore nous avons des noms de couverture (chapa).
— Tout le monde ?

— Oui et toi aussi, tu en as un.

— Ah oui ? Comment m’appelé-je ?

— Eusebio Ramírez.

— Eusebio Ramírez ? Pourquoi ce nom ?

— Pour rien, justement, sinon qu’il n’a aucune consonance française qui permettrait de t’identifier trop facilement.

… Eusebio Ramírez, songé-je.

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