§20. De Puyehue à Puerto Varas, il y a un peu plus d’une centaine de kilomètres que nous faisons presque les yeux fermés, en riant dans la 504. Puis, comme nous sommes bien dans cette toute petite ville bourgeoise, nous ne voyons pas l’intérêt d’en bouger pendant quelques jours. Nous jouons au couple heureux de longue date. Nous vivons la nuit, ce qui permet à Gladys de pétiller comme ces petits palmiers brillants plantés dans les glaces que nous dégustons sur le bord du lac Llanquihue, nous sommes ravis et complices, évoluant au milieu des dîners, dans une estime mutuelle et une fierté réciproque, elle est gaie toute de noir vêtue où son châtain-roux peut mieux éclater, elle virevolte, survoltée de désirs, elle s’enivre du cocktail de la vie, toujours un peu ivre mais jamais dans l’excès, son sourire si blanc, si touchant, si déchirant, je me retiens parfois de ne pas tomber en morceaux, je veux parfois l’embrasser tout le temps comme un enfant, attendant nerveusement le moment de solitude où je pourrais peut-être enfin la serrer dans mes bras, où elle pourrait me délivrer le secret de sa joie, la recette du bonheur, qu’elle m’en nourrisse à jamais, on m’envie (s’ils savaient !), je m’envie (tout de même), me défends, réprime poliment toute tentative d’incursion, elle est belle, elle est un feu follet, je suis, en fermant les yeux, le doux scintillement de son rire…

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