§8. Lundi matin on attend les résultats définitifs. Mais dans la tour de l’édifice Gabriela Mistral, les hommes ont du mal à rassembler les informations et terminer les calculs, puisque l’organisation de ce travail a été pensée sans prendre en compte les 700 000 votants supplémentaires incorporés par les réformes de l’UP. Pourtant, pendant l’attente, personne ne pense à une fraude massive, ou à une manipulation du gouvernement, temporisant pour avoir le temps de faire venir des armes dans la capitale et prendre par la force un pouvoir qu’il viendrait de perdre dans les urnes. C’est sans doute l’effet Prats, cette confiance dans les institutions, malgré la défiance et la haine qui séparent les deux camps politiques, bipolaires depuis six mois maintenant.

Et alors que la nuit est tombée et que Salvador Allende est en train de commenter les élections d’hier sur le réseau de télévision chilien, se réjouissant de la bonne tenue de celles-ci et du fait qu’aucun gouvernement n’a reçu un tel appui lors d’élections de mi-mandat depuis 20 ans, chaque goutte étant rare, savourons la moitié pleine de ce verre et trinquons aux élections !

Les résultats officiels ne sont toujours pas gravés dans le marbre, mais c’est une formalité puisqu’on les connait en substance. Maintenant tout recommence : il n’y aura plus d’élections générales avant trois ans. A la classe politique maintenant, et Allende au premier rang, de faire avec ce match nul.

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