§?. Vous trouvez qu’il y a trop de détails dans ce roman ? Pourtant nous avons passé sous silence tout ce qui se passe à l’international : en Argentine, autour de Péron ; les problèmes de Bordaberry en Uruguay confronté avec sa gauche ; quelques évocations de la guerre du Vietnam, mais tellement peu ! ; l’Asie existe de très loin et encore ; les 25 ans d’Israël, pudiquement tus ; aux EUA le Watergate a déjà commencé ; l’Irlande passée aux oubliettes malgré les attentats de l’IRA ; l’Afrique a-t-elle seulement existé depuis que le Che est parti d’Angola ? ; la France un peu malgré tout, puisque nos protagonistes sont Français…

Au niveau National –rien avant la rentrée sur les problèmes des Chiliens pour se procurer les uniformes et les cahiers destinés à leurs têtes brunes (oui, parce que « têtes blondes » au Chili, à part dans certains quartiers de Santiago et dans le sud où se trouvent des villes à forte population d’origine allemande, ça prêterait à sourire) ; on a à peine évoqué la bataille du réajustement de salaires, le deuxième depuis que Jean est arrivé au Chili, qui fait débat depuis décembre et semble se décanter un peu fin mars puis être renvoyé à septembre (oui, c’est aussi ça la démocratie lorsqu’une majorité ne peut faire la pluie et le beau temps et se voit sans cesse bloquée par l’opposition), pourtant ce cas est symbolique des agissements de la DC qui, après l’avoir refusé pendant des mois propose un plan à elle et donne alors des leçons au gouvernement en les accusant de maintenir le salaire des travailleurs au plus bas (mais peut-on être politicien sans être de mauvaise foi ?) ; on n’a pas parlé non plus du Parti National ; question football on ne parle que de la Copa Libertadores et rien au niveau national, puisque cette campagne 1973 reste le grand moment du football chilien comme l’OM de 1993 pour les Français ; et la réforme agraire, grand chantier du gouvernement populaire, à peine évoquée par ici ou par là…

Non, vraiment, on a procédé à la plus grande économie des détails possible… D’autres, du coup, se sentiront floués de n’avoir qu’une reconstruction, par omission, simplification, choix plus ou moins justifiés, du Chili de la fin 1972 – 1973. Qu’ils se rassurent : ceci est un procédé naturel puisque pour pouvoir nous permettre de survivre dans un univers complexe, notre conscience est-elle même obligée de simplifier le réel, et de découper des entités avec lesquelles nous pouvons interagir, en même temps que l’inconscient (sous la forme de routine ou de réflexe) essaye de libérer le plus d’espace cerveau pour la conscience, de sorte que nous vivons mentalement dans un monde appauvri… Que les sciences humaines et la littérature ne puissent y échapper se comprend ainsi aisément.

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