C’est que le procès de Bontems et Buffet se tient à la cour d’assises de l’Aube. Cela ne m’a pas échappé. Je sais aussi que je ne voulais pas être le prisonnier de service, ni le militant anti-prison parti dans une croisade personnelle régler égoïstement ses comptes avec l’institution qui l’a abrité pendant une décennie, mais je ne peux pas faire comme si le procès de ces ceux hommes n’avait pas lieu. Cela fait trois jours que je me débrouille pour récupérer des journaux qui trainent, lorsque je fais des pauses dans la vente de nos produits d’artisanat que peu de gens nous achète. Je me cache toujours pour le faire ayant toujours peur qu’on me voie trop m’intéresser au sujet et que cela éveille des soupçons. J’y lis les comptes rendus du procès. Et hier soir, moi qui me suis toujours identifié à Bontems – ce pauvre bougre qui s’est laissé entrainer dans la délinquance, puis qui a suivi malencontreusement son camarade de détention dans cette tentative désespérée et folle d’évasion spectaculaire quasi-suicidaire – à lire que lui aussi avait été condamné à mort, m’a fait sursauter. Même s’il sera très probablement gracié par Pompidou, l’idée de sa mort c’est un peu l’idée de la mienne qui m’a rejailli à la tronche !

Je croyais être en marge du monde et j’étais en plein dedans…