Extrait de ses Mémoires, p. 521-522 :
Les dirigeants politiques bourgeois chiliens avaient soutenus systématiquement – les 37 années précédents septembre 70 – qu’ils étaient « absolument respectueux de la légalité démocratique ». Il leur manquait d’ajouter la phrase : … « tant que les marxistes n’arrivent pas au pouvoir ». […]
L’amère expérience chilienne prouve la thèse marxiste voulant que le contrôle du pouvoir requière une dictature du prolétariat assurant la transition entre un régime capitaliste et un socialiste. Mais il démontre aussi que la majorité de la communauté chilienne contemporaine refuse le marxisme comme système de gouvernement. Cependant, on ne peut en déduire que la volonté populaire chilienne soit encline à un système fasciste de gouvernement. (…) Aussi puissant que soient encore les secteurs ploutocratiques-bourgeois, dans l’âme du chilien commun les principes de liberté qui permettent le jeu harmonieux du pluralisme idéologique sont solidement ancrés.
Tout Chilien authentiquement patriote, qui sent la nécessité vitale d’une communauté nationale intégrée (…) doit reconnaître le droit aux tendances de gauche de s’exprimer et de participer à la lutte idéologique du pays.
Photo d’entête : Pablo Neruda et Carlos Prats lors de la cérémonie en l’honneur du poète, au Stade National, le 5 décembre 1972.