Une dure expérience se terminait, durant laquelle j’ai reçu des attaques impitoyables ou emportées. J’avais connu les pensées intimes de beaucoup d’hommes politiques et j’avais bien vu les différences tactiques qui les séparaient. J’ai senti une sincère estime pour beaucoup d’entre eux, avec qui j’ai partagé des responsabilités très importantes. […] J’ai bien connu en particulier de très près le Président Allende, qui m’a consacré de nombreuses heures d’analyse et, malgré la grande distance qui nous séparait idéologiquement et dans notre culture politique, j’ai appris à le respecter comme gouvernant et à l’apprécier comme être humain. Dans la première de ces qualités, je l’ai vu concentrer tous ses efforts et ses capacités au bénéfice de la cause populaire, faisant passer son intérêt pour la justice sociale avant les convenances des partis politiques qui le soutenaient.
Dans la seconde qualité, j’ai connu un homme de grande confiance en lui-même, jusqu’à l’orgueil si on veut, mais ouvert et prêt à écouter, sensible à la franchise de son interlocuteur, narquois face aux « bénis oui-oui » (asentidores) et sans excès de haine même envers son plus acharné adversaire.

Carlos Prats, Mémoires, 374-375

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