§24. Encore une fois depuis qu’elle sait que notre cohabitation arrive à sa fin, Marcia essaye de sympathiser avec moi, ce qu’elle n’avait pas vraiment fait avant, ou toujours après une crasse, ce qui me donnait peu envie de passer l’éponge d’une grande amitié factice. M’attendant à sentir la lame d’un couteau dans le dos, je détourne la conversation vers des considérations pratiques. Bien lui couper l’herbe sous le pied pour ne pas jouer son terrain d’hypocrisie, juste ce qu’il faut pour ne pas paraître grossier. Et puis la voilà la dernière perfidie qui devait arriver :

— Au fait, j’ai quelqu’un pour te remplacer.

— Bien. Et cette personne arriverait quand ?

— Demain soir.

— Quoi ? Demain soir ? Mais tu es folle ? Et je dois trouver un nouvel appartement, déménager mes affaires, tout ça, demain, alors que je travaille encore ? Tu te rends compte ?

— Mais tu ne m’as pas payé le mois ! — m’assène-t-elle.

— Mais on était d’accord que je te pay… N’importe quoi !

Que peut-on objecter de raisonnable à un fou ou un malade ? C’est comme se retrouver pris en enfermé dans un piège de non-rationalité, devoir accepter le chantage d’un fait accompli : il faut cesser de se débattre et se soumettre devant ce mur.

— Laisse-moi deux jours — fais-je, résigné, abattu, écœuré mais sans savoir vraiment ce que je dis.

Et je monte dans la chambre pour mettre fin à cette discussion surréaliste. Dans deux jours…

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