14h05. Juan et Natalia. Teatinos.

Je n’ai pas bougé, j’attends dans un hall, essayant de lire mon journal et d’oublier ma faim. Elle est arrivée vers moi sans que je ne l’entende. / Je ne connais pas cet homme, est-ce le fameux Juan devant qui toutes ces dames tombent comme des mouches ? Que me veut-il ?

— Bonjour Monsieur, vous voulez me parler, parait-il.

— Bonjour, Madame, ça dépend si vous connaissez Jean, un Français qui est arrivé il y a quelques mois à Santiago. Sinon ce serait un plaisir de prendre un café avec vos beaux yeux noirs mais une autre fois : je dois le trouver au plus vite.

— Qui êtes-vous ?

— Juan, un ami. Je dois le voir pour une urgence.

— Ah c’est donc vous Juan ? Je ne vous imaginais pas comme ça !

— Enchanté. Moi j’ai préféré ne pas vous imaginer pour rester dans une neutralité parfaite quant à ce que… on s’en fiche, en fait…

Surtout pour ne pas être déçu, vu les descriptions que Jean faisait d’elle mais, mazette !, c’est vrai que le bougre a bon goût !

— Il faut absolument que je voie Jean le plus rapidement possible. Je ne sais pas où le contacter, il m’avait donné votre adresse au cas où. Le “cas” est là. Savez-vous où je peux le joindre, là, maintenant ?

— C’est si urgent ?

— Oui, sa sœur Françoise a eu un accident grave et va peut-être décéder prochainement. Elle voulait le voir avant de mourir. Je lui ai acheté un billet d’avion pour qu’il parte ce soir. Il faut qu’il soit à l’aéroport à 23h !

— Mince ! Et je viens juste de le quitter… j’ai mangé avec lui ce midi — lui dis-je les larmes dans les yeux.

— Et qu’a-t-il dit ? Savez-vous où il va aller, où il travaille ?

— Oui, sans doute… je crois savoir où il va aller. Je vais essayer de le contacter. Vous avez un numéro de téléphone où je peux vous appeler ?

— Oui. Le voici (que je viens de griffonner, avec mon adresse, sur un papier). Où avez-vous mangé ?, est-ce loin ?

— Non, San Diego, à Las Tejas, je ne sais plus le numéro.

— Je vois, je vais aller vite fait pour voir s’il ne serait pas attardé.

— Tenez, voici le numéro direct de mon bureau : appelez-moi si vous le trouvez, que je sois rassurée.

— Merci. Et merci pour lui. Je vous tiens au courant — réponds-je en admirant l’assurance et la force qui émane d’elle.

— De rien, merci à vous — lui réponds-je en me disant que Jean a de la chance d’avoir un ami comme lui, après tout, peut-être l’ai-je jugé trop vite ? Il n’est pas à vrai dire beau à crever un écran de cinéma, mais il a un charme fou et quelque chose dans l’œil d’allumé…

— Si je ne le trouve pas, j’irai chez moi. N’hésitez pas à appeler, à passer, il faut tout faire pour qu’il soit dans l’avion à 23h15, donc à l’aéroport vers 22h.

— D’accord.

Il s’en va d’un pas décidé et rapide.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *