C’est un double motif de joie qui m’anime ! Non seulement, je vais pouvoir sans doute retrouver un travail durable, étant donné que l’entretien avec le « contremaitre » s’est très bien passé et qu’il (me) semblait évident à son issue que le poste serait mien, mais aussi, les locaux des laboratoires se trouvant en plein dans la zone du cordon Vicuña Mackenna – et l’entrée des édifices donnant même sur la rue Vasconia qui fut la nôtre, à Natalia et moi, lorsque j’arrivai au Chili – je vais revenir auprès des camarades que j’ai connus, et que je suis bien décidé à aider de nouveau ; merde aux (faux) communistes orthodoxes et à Agustín !

Un motif de crainte, aussi. J’ai cru comprendre que deux employés se trouvaient sous le coup d’une accusation de vol et sans doute en prison à l’heure où j’entrai dans les bureaux de l’entreprise. L’ami de Javier m’avait aussi chaudement recommandé (si je peux user d’euphémisme pour qualifier ses ordres bienveillants) de ne pas parler politique avec la personne qui me recevrait, et de dire que j’avais suivi ma fiancée au Chili, l’ayant connue à Paris, etc. Bref : transformer mon arrivée en simple et vulgaire histoire de cœur pour n’affoler personne ici. Le thème politique n’est pas apparu de manière explicite, même si effectivement il a été utile que j’aiepréparé mon petit scénario. Que j’ai tout de même dû enrichir d’une improvisation pirouette lorsqu’il m’a été demandé pourquoi nous n’étions pas restés à Paris : une belle-mère malade m’a sorti d’affaires. Je pense m’être bien dépatouillé de cet exercice d’acrobatie hypocrite que constitue tout entretien d’embauche. Mais où mettrai(s)-je (éventuellement) le pied ?

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