Avant d’arriver au Chili, Miguel Herberg avait travaillé à Los Angeles et Rome sur des réalisations de San Diego cinematografica, la maison de production de Renzo Rossellini. Il a notamment travaillé sur Vietnam 73, sorti en Italie en janvier 1973 – un film réalisé avec un important apport de documents issus de la RDAnotamment du Studio H&S (les 4 films de la série “Piloten im pyjama”, de pilotes de B-52 prisonniers au Nord-Viernam).

Miguel Herberg a aussi approché le père de Renzo, Roberto Rossellini.

Au Chili en 1973, avant le coup d’Etat

Arrivé à Santiago en janvier 1973, c’est comme correspondant de la maison de production de Renzo Rossellini, Orizzonte 2000, que Miguel Herberg se fait établir, comme tous les journalistes étrangers, une carte de presse de l’Oficina de Información y Radiodifusión de la Presidencia de la República.

C’est donc en ami et collaborateur de Renzo Rossellini qu’Herberg prend contact avec Doña Elvira Di Girólamo – Giulio, son mari, est reparti depuis 1972 en Italie et ne regagnera le foyer familial qu’en 1976. Miguel Herberg fait alors rapidement connaissance avec leurs fils, Claudio et Vittorio qu’il va fréquenter assidument.

Dans la famille Di Girólamo, famille italienne admiratrice du fascisme italien et du Duce, Vittorio, aux talents multiples, pense et écrit. Il est en contact étroit avec Erwin Robertson qui est directeur d’un journal d’un journal fascisant, TACNA. Robertson a pour héros le général nationaliste Roberto Viaux, et donne régulièrement la parole à Vittorio Di Girólamo – une pleine page, par exemple, dans le n° de TACNA qui sort au début du mois de septembre 1973 consacrée à l’analyse par Di Girólamo du régime du général Juan Velasco Alvarado au Pérou. Erwin Robertson, lui-même impliqué dans le complot conclu par la mort du général Schneider, avait été condamné à une courte peine de prison en première instance et à un an et demi de relégation en appel.

Le reste du temps il vit à Rome, mais à Santiago, il vit à l’hôtel Carrera. C’est là qu’il a rendez-vous le 22 février, avec Lucia Santacruz1, qui travaille à ¿Qué Pasa?, journal proche du Parti National, mais aussi la fiancée de Juan Luis Ossa Bulnes, dirigeant de la jeunesse du PN.

Le 4 mars, jour d’élection, il filme la mise en place des urnes à la gare Mapocho où il revoit Isabel Santi et rencontre pour la première fois Jean-Noël Darde.

Le 4 avril 1973, il s’entretient en prison avec le général Roberto Viaux, incarcéré pour sa participation à l’enlèvement raté du général Schneider qui a viré au meurtre. De manière plus générale, Herberg est surtout intéressé par les opposants de l’UP, comme Onopre Jarpa, Pablo Baraona, Nicanor Allende. Grâce à Lucia Santa Cruz et Juan Luis Ossa, il peut réaliser avec Peter Hellmich (du studio H&S) à la caméra, de nombreux reportages sur des meetings du Parti National, les défilés du Comando Rolando Matus, Club de Los Leones, etc. Il aura aussi accès à des membres de Patrie et Liberté. Ce matériel sera utilisé en abondance par Walter Heynowski et Gerhard Scheumann, notamment dans le film Le coup blanc ou Avec le signe de l’araignée.

En 1974, après le coup d’Etat

En janvier 1974, il est – avec Peter Hellmich et Manfred Berger, tous les deux du studio H&S – dans les camps de détention de Chacabuco et Pisagua.

Le 18 février 1974, Herberg s’entretient avec le général Leigh et, malgré l’interdiction de ce dernier, il va filmer avec son équipe les pilotes du groupe 7 qui avait bombardé la Moneda le jour du coup d’Etat.

A lire

Jean-Noël Darde, “¿Quién es Miguel Herberg?” et “L’interview, le 4 avril 1973, du général Roberto Viaux par Miguel Herberg” sur son site Internet, notre source exclusive pour le moment [août 2020].

Note

  1. Installée depuis des années à Londres où son père était ambassadeur du Chili sous la présidence du conservateur Jorge Alessandri –, elle fut aussi le flirt officiel du Prince Charles. En 1973, Lucia Santa Cruz vient de rentrer au Chili pour son nouveau prince charmant.