§3. Dans les schémas complexes qui montrent les ramifications de l’UP et de l’opposition lors de la grève d’octobre publiés aujourd’hui par El Siglo, il manque encore cependant beaucoup d’éléments, comme les divisions nées du PC, notamment entre partisans de l’URSS et ceux de la Chine maoïste. Il est sain que le mouvement communiste permette ainsi une plus grande diversité des approches et se renouvelle de manière permanente sans se scléroser dans l’éternelle ré-interprétation de textes voués à être dépassés par les enseignements du présent. Le lecteur du Siglo, de ligne soviétique, propriété du PC, ne verra pas apparaître le PCR et le PCBR dans ces représentations graphiques et il m’a fallu moi-même apprendre rapidement qui ils sont. Arnaldo m’a bien aidé. En me démontrant clairement pourquoi et comment le PC et sa stratégie gouvernementale, est coincé dans l’UP, elle-même bloquée politiquement par l’opposition toujours majoritaire au Parlement, au moins jusqu’à mars. Au contraire, les maoïstes considèrent que la légalité bourgeoise est faite par les bourgeois pour les bourgeois, comme la justice. Ainsi, toutes les institutions étant faites pour les protéger – nous en avons eu encore la preuve avant-hier avec le scandale de la réduction de peine de 18 ans (!) de l’assassin Viaux – on ne peut les sortir que par le fusil, et croire que l’on peut supplanter la bourgeoisie en lui demandant « s’il vous plait » n’est qu’une perte de temps. Il est vain de croire que le processus avance peu à peu et accumule patiemment du terrain pour consolider ses positions et prendre le pouvoir lorsque ce sera le moment (quand, comment le sait-on, qui déclenche la révolution ?). Au contraire, le temps donné est un temps que la réaction fait fructifier pour consolider ses forces et revenir au pouvoir plus forte qu’avant car échaudée par ce qui se passe en ce moment. Aussi, le pouvoir réel sera impossible à conquérir autrement que par les armes. Cette période de lutte armée doit mener à une démocratie nouvelle, ce qui nous différencie du MIR qui voit dans cette démocratie le foyer potentiel d’une déviation petite bourgeoise et prône un pouvoir fort de type dictature du prolétariat.

Allende a beau être à Cuba aujourd’hui, et il est vrai que face à l’adversité, nous devons plus mettre l’accent sur ce qui nous rapproche de Fidel Castro que sur ce qui nous différencie de Cuba – mais le Chili ne doit pas être Cuba. Car à quoi bon faire la révolution si nous sacrifions notre idéal démocratique ? De même, nous pensons qu’il ne faut pas se placer sous l’aile de l’URSS, car nous ne voulons pas obéir aux ordres d’une autorité centrale, perdant ainsi l’identité chilienne de cette révolution, sacrifiant la richesse des nations, dans leurs diverses approches théoriques comme dans leurs praxis originales du marxisme, au seul profit de l’internationalisme. Le Chili ne sera pas une nation d’Europe de l’Est : pas de Prague à Santiago ; la Chine ne nous impose pas son joug comme voudrait le faire les maîtres de Moscou, et j’adhère pleinement à cette liberté nationale-là ! J’aurais aimé pouvoir en parler avec Neruda, mais je pense que ce n’est pas la peine, je dois suivre ma propre voie. Bref, le PCBR incarne le meilleur de l’UP avec son respect de la démocratie et participe du même réalisme que le MIR ou le PS, qui ne tombent pas dans l’utopie pacifiste à tous crins.

Enfin, je comprends que je n’aie pas été accepté à participer à la Première Conférence Ordinaire, qui est aussi la conférence constitutive du Parti Communiste Drapeau Rouge, puisque mon adhésion n’est pour le moment que formelle. Arnaldo fera tout pour accélérer mon entrée.

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