§3. 23 août 1973 toujours, 16h30. Plusieurs hommes lui faisaient face, pour la dernière fois peut-être. Prats venait de leur annoncer son double départ. Dont ils prirent acte. Sans marquer plus de tristesse que cela. On ne s’avancera pas en imaginant que les amiraux Carvajal, Merino et le général Leigh, parmi eux, s’en réjouissaient même.

— Votre départ vous honore. Vous suivez ainsi les traces de O’Higgins dont l’abdication est un des gestes les plus nobles de l’Histoire du Chili. « Nous n’avons rien contre O’Higgins », etc. vous connaissez cela autant que moi… — le ton était évidemment ironique dans la bouche de Carvajal.

— Mais rappelez-vous que la revendication de notre héros national lui a été accordée vingt ans après, alors qu’il était à l’article de la mort.

Le visage de l’insolent s’éclaira de moquerie :

— A dans vingt ans, alors, Monsieur Prats.

Et, à voir la même lueur dans les traits de Leigh et Merino le tout nouveau retraité se dit : « pauvre Pinochet, pauvre Pinochet, ses chances s’amoindrissent de jour en jour… »

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