— Ce n’est pas moi, Père Ubu, c’est un autre qu’il faudrait assassiner. (Mère Ubu)— De par ma chandelle verte, je ne comprends pas. (Père Ubu)
— Comment, Père Ubu, vous estes content de votre sort ?
— De par ma chandelle verte, merdre, madame, certes oui, je suis content. On le serait à moins (…)
— Comment ! Après avoir été roi d’Aragon vous vous contentez de mener aux revues une cinquantaine d’estafiers armés de coupe-choux, quand vous pourriez faire succéder sur votre fiole la couronne de Pologne à celle d’Aragon ?— De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant ; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ?
— Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?
— Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure par la casserole.
— Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?
— Eh vraiment ! et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?
— A ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône !

Alfred Jarry, Ubu Roi, 1896, Incipit

Micro-sommaire du chapitre

§1§2 – §3 – §4 – §5.