Ma foi, Ménexène, il paraît y avoir bien des avantages à mourir à la guerre. On obtient une belle et magnifique sépulture, (…) et des éloges, même si l’on est sans valeur.

Platon, Ménexène, 234 c

§2. Bon, il faut que je vous entretienne d’un sujet important qui vous concerne directement et va vous impliquer. Il n’y a pas de raison que vous n’ayez pas vous aussi des choix à faire ! Moi, Juan – au cas où vous n’auriez pas reconnu ma voix malgré tout le temps que vous avez déjà passé à suivre mes aventures en parfaits voyeurs – j’aimerais que le narrateur omniscient quitte le texte. Je ne reviens pas sur notre querelle, vous en avez assez pâti et nous en sommes désolés.

Je lui reproche plusieurs autres choses dans la façon dont il mène la narration de cette histoire dans laquelle nous sommes pris, choses qui vont au-delà de son putsch et qui n’ont rien à voir avec mes démêlés personnels avec lui. J’ai fait le deuil d’une relation avec Tencha Allende et je pense qu’il s’est bien ridiculisé lorsqu’il m’a attaqué concernant Gloria Gaitán : rien de bien grave, au final. Je pense néanmoins que, vu les évènements qui vont se dérouler très prochainement, puisque nous sommes à onze jours du Coup désormais, il faudrait le remplacer au plus vite et prendre quelqu’un de plus professionnel, qui ne se perde pas en futilité, évite les risques de plagiat (copier et traduire une page d’un livre, quelle idée [cf. 1. IX §22] ; je veux bien qu’on veuille être original et vouloir un peu casser cette forme peut-être désuète et frelatée qu’est le roman, mais enfin, faire dans l’original pour faire de l’original, comme d’autres font de l’art pour l’art, il y a des limites…), et discrimine mieux ce qu’il faut développer. Comme par exemple se focaliser sur mes performances dénudées un soir d’émeutes [1. X §Jésus superstar], faute de savoir recouper ses informations ou d’aller les chercher à la source ! En plus se moquer des personnes âgées qui ont vécu ces évènements, c’était d’une inélégance ! Messieurs et mes dames concerné-e-s, je présente des excuses au nom de ce texte. En plus je soupçonne très profondément le narrateur d’avoir payé Patrie et Liberté pour qu’en cas de reprise en main par l’auteur de ce livre, ils détruisent le pays et rendent la fin de la narration impossible ; pour que nous puissions aller au bout il faut qu’il meure.

Enfin, cette démarche je la fais pour vous, moi je connais tout ça, je l’ai vécu. Oui, on avait dit que je ne devais pas savoir que je suis un personnage, mais bon, ne soyez pas naïfs, ce texte reste fait par des humains pour des humains, vous savez bien que tous les contrats moraux, la « vocation de savant », les serments d’Hippocrate, sur l’honneur ou sur la Bible, la moralisation de la vie politique, ad lib. sont des idées molletonnées qui ne font pas mal aux fesses. De toute façon c’est comme ça. Je sais ce qui va se passer, vous aussi, et ça ne vous empêche pas de lire, comme cela ne m’empêche pas d’être honnête lorsque je suis pris dans l’action… Revenons à notre mouton et à votre problème : je veux donc me débarrasser de ce narrateur. Vous me direz que je n’ai qu’à négocier avec l(es) auteur-e(s) et gérer ça avec lui, elle ou eux sans vous impliquer. Lâches. Et moi je vous répondrais que je ne suis pas sot et que si je m’adresse à vous, c’est bien parce que ma démarche n’a pas abouti avec elle-il-eux, puisque toutes demandes restent mortes. Je vais donc m’affranchir et me passer d’avis extérieur au mien. Si on demande toujours la permission pour tout, il y aura bien un homme un jour pour interdire de respirer… Donc puisque la solution pacifique n’est pas possible, je vais devoir user de la force et nous en débarrasser par des moyens illégaux. Ici, connaître des gens semi-fascistes et semi-mafieux comme les petits copains de Laura, va m’être utile…

Cependant, comme c’est par dévouement pour vous et que je ne veux rien vous imposer, je vais vous donner le choix. Le voici.

Si vous lisez le prochain fragment, vous choisissez de sauver le narrateur. Néanmoins il vous faut savoir que dans ce cas, le lourdaud va vous apprendre toute l’intrigue de la fin du texte, ce qui nuira grandement au suspens. Sinon, considérez qu’il a disparu et n’en parlons plus. Je gère et vous ne verrez rien : ce sera propre, invisible, inodore, inaudible, prêt à l’oubli. Mais alors n’évoquons plus son souvenir, jamais ; ne venez pas, pris de remords, me reprocher sa disparition plus tard, même bien des années après lorsque je serai vieux et n’aspirerai qu’à finir ma vie tranquillement.

Voilà comment nous allons procéder :

  • Si vous voulez conserver le suspens suivez ce lien : 
  • Si vous ne voulez pas de cette première solution suivez cet autre lien : 

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